24h du Mans 2010

Cette année, pour la 3ème fois, je suis inscrit dans la catégorie duo des 24h du Mans roller. En fait, je voulais tenter l’aventure en solo mais toutes les places ont été prises très rapidement.
Pascal LORENZI dit 84only (vainqueur de l’épreuve solo 2009) est mon compagnon d’aventure. Le staff sera la tache d’Agnès (ma compagne) pendant toute la durée de ces 24h. 5 jours avant l’épreuve nous avons enregistré le désengagement de notre 2° staffeur.


Tout au long de notre préparation nous correspondrons par mail et par téléphone. Pascal lui participera à plusieurs courses avec un certain succès alors que de mon coté, j’ai préfère parfaire mon entraînement sur des longues distances plutôt que de m’aligner sur les courses de vitesse. Je participe tout de même au France Marathon à Lyon fin avril pour faire le point de mon état de forme. Le résultat pas terrible (44ème) est tout de même encourageant à la vue de mon état de forme du moment. J’augmente alors la charge d’entraînement en multipliant les longues sorties (80 à 150km) en vélo et rolleralterné avec des séances de fractionné.


26 JUIN 2010, c’est le jour qui soldera 8 mois d’entraînement intensif. J’attends ce jour, parfois avec impatience, d’autres fois avec anxiété avec la peur de ne pas être prêt correctement.


7h47, je prends le TGV en gare d’Avignon accompagné d’Agnès (avec nos 2 gros sacs à roulettes) via Lyonpour aller jusqu’au Mans. Nous prêtons peu d’attention aux 15 minutes de retard au départ de Lyon. Avec l’évacuation d’une personne malade pendant le trajet et des travaux aux abords de la région parisienne ces 15 minutes se transformeront en 50 minutes à l’arrivée. Calme jusque là, le stress commence à me gagner d’autant plus qu’il est plus de 13h et Pascal se retrouve seul dans les boxspour réserver une place.
Comme si ça ne suffisait pas, dans ma précipitation pour sortir nos affaires du train, j’en oublie mon petit sac à dos dans lequel figure mes papiers, les clés de maison, de voiture, lunettes de soleil, mon cardio-GPS, le lecteur MP3 et mes bidons de boissons isotonique. Agnès parvient un peu à me calmer. Je cogite quand même sur la gestion de la course et des relais sans cardio.  Tant pis, tu feras comme à l’ancienne me dit Agnès pour essayer de me détendre.
Nous prenons le tram jusqu’aux abords du circuit. Il faut quand même rajouter 10 à 15 minutes de marche à pied pour rejoindre les boxs.
En cours de route, sous le poids de mes affaires, le fonds de mon sac à roulettes se déforme et le fond commence à racler le sol. C’est avec mon sac de plus de 45kg sur le dos que je continu péniblement la route. Pascal, informé de notre mésaventure, arrive à notre rencontre avec un diable pour porter mon sac. Confiant au départ, le moral est maintenant bien entamé.


Finalement nous arrivons dans les boxs vers 14h30 déjà bien fatigués. Nous nous installons très vite à l’emplacement réservé par Pascal.

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Pendant que Pascal part faire les qualifications, je fais un rapide petit tour pour dire bonjour aux copins des boxs voisins.
Je me prépare et vais m’échauffer. Au bout de 2 minutes j’entends des craquements au niveau des roues et d’un seul coup le noyau d’une des roues avant se casse. Il faut dire que mes roues course 100mm datent de 2007 et n’avaient plus servies depuis la Oneeleven d’Août 2009.
Je change vite les roues en prenant le bon coté des choses. Ce ne sont que des petits problèmes, mais il serait bon que ça s’arrête enfin.

 

15h50 :Étant habitué à chausser mes patins très vite, c’est moi qui vais faire le départ. Je vais me placer tranquillement sur la grille de départ. Tout doucement, la tension commence à monter. Je remonte la file des concurrents déjà placés au bord de la piste. J’en profite pour saluer ceux que je connais. Je me place à la 95ème place.
Pour ceux qui ne savent pas, le départ des 24h rollers est basé sur le même principe que celui des 24h moto : Les concurrents d’un coté de la piste et les rollers de l’autre.
J’ouvre bien mes roller afin de pouvoir y glisser mes pieds le plus vite possible lors du départ. Je vais les placer de l’autre coté de la piste en évitant de les mettre dans l’herbe.
De retour à ma place, je m’aperçois, que je suis 2 ou 3 places devant Philippe POIRIER et quelques places derrière Jean-François Lenôtre (2 des favoris de la catégorie duo). J’échange quelques mots avec des concurrents en attendant le départ.

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16h00, c’est le départ. Je m’élance en direction de mes rollers. Quelques secondes suffisent pour les enfileret serrer la molette. Comme lors de 3 éditions précédentes je m’élance à vive allure dans les tous premiers à l’asseau de la fameuse Dunlop. Au milieu de la montée, je me fais doubler par 3 duos emmenés par Philippe POIRIER, Jean-François LENOTRE et le duo CDRS37. Je suis admiratif tellement la différence de vitesse est flagrante. J’imagine déjà qu’à eux 3, ils vont truster le podium.
Bien qu’ayant les capacités pour les suivre un petit moment, je continu mon ascension sans pour autant ralentir. J’essaie de gérerau mieux mon effort afin d’éviter de me griller de suite. Je profite de la descente pour finir de serrermes patins et me colle dans un petit groupe. Je boucle mon premier tour en 8mn (hors temps de chaussage). Dans la 2° ascension de la Dunlop, le groupe explose et parvient à rester avec les meilleurs. Le 2° tour est bouclé en 8mn40. Je passe le relais à Pascal qui va aligner 2 tours de 8mn10 et 8mn30.
Chacun va alors réaliser des séries de 2 tours (entre 8mn30 et 9mn au tour).

 

Vers 20h15, 29 tours sont déjà avalés. Nous sommes alors classés 6° duo et dans les 60 premiers au scratch.
La chaleur devenue plus facile à supporter, nous passons sur des séries de 3 voir 4 tours.
Nous mettons à profit l’allongement des temps de repos pour nous alimenter (même si c’était dur de manger) et pour se faire masser. Merci Binus pour tes supers massages.

Pendant tout ce temps, Agnès est parfaite dans la gestion de la logistique et dans l’accomplissement de son rôle. Elle multiplie les allers retours entre le muret des stands (pour les chronos) et le box. Elle nous materne et nous bichonne comme des enfants. Il me semble avoir le cerveau déconnecté depuis le départ. A chaque relais le temps de repos est très court (de l’ordre de 10 à 15 minutes). Elle nous parle pour transmettre les infosde l’un à l’autre sur nos sensations respectives, elle nous donne les indications de la course (chrono et classement), prépare les bidons, fait réchauffer la nourriture (déjà toute prête), …
Elle a l’air de prendre beaucoup de plaisir dans ce rôle qui bien souvent est perçu comme un rôle ingrat.

Agnès m’indique que les conditions climatiques (au niveau de la chaleur) sont plus dures à supporter. Certains amis solos ont eu des défaillances à cause de cela.
Paradoxalement il me semble avoir mieux supporter la chaleur que l’an dernier. Sans vraiment savoir, je mets cela sur le compte des entraînements de hockey au poste de gardien (à devoir supporter la chaleur sous mon équipement) et d’un tournois disputé fin mai à Oraison où j’ai enchaîné 6 matchs dans la même journée (sous une grosse chaleur) avec les équipes de Gap et d’Avignon.

Cette année, j’ai fais attention à ma consommation de boisson isotonique en la complétant par l’absorption de pom’potes et en m’aspergeant régulièrement la tête avec de l’eau au point de ravitaillement. Cela permet de faire redescendre la température corporelle.


Vers 1h, 58 tours sont alors bouclés.
Afin de pouvoir dormir un peu, nous passons sur 2 séries de 2 des relais chacun de 6 tours, soit environ un peu moins d’1h par relais.
C’est Pascal qui prend le 1er relais de 6 tours pendant que je file vite m’allonger dans le box. Juste le temps de grignoter et de passer une veste à manche longue, je m’endors comme une masse.
Pendant ce temps, Pascal continu de tourner comme un avion avec une moyenne de 9mn30 et ce, malgrés l’augmentation de notre temps de relais.
A mon réveil, je suis pris de crampes dans les mollets. Je me suis trop refroidi, j’aurais dû me couvrir également les jambes. Agnès m’aide à chausser et à m’habiller.

Je prends le Relais de Pascal qui file se reposer. Dans mon premier tour je suis surpris par un petit vent frais qui souffle de face dans la Dunlop. Finalement je vais boucler 7 tours en 9mn30-10mn. Pascal, ayant eu lui aussi des crampes au réveil, n’a pu arriver à temps pour prendre le relais à la fin de mon 6ème tour.

Pour le repos suivant, nous avons pris soin de mieux gérer le refroidissement du corps et des jambes en se couvrant mieux pendant notre sommeil. Agnès nous a même recouvert d’un duvet. Le réveil se passe mieux pour chacun de nous. Les crampes et courbatures du précédent réveil sont oubliées.

 

A 6h, nous repassons sur des séries de 3 tours puis 2 tours. 88 tours ont été parcourus. Nous sommes toujours 6ème duo avec quelques secondes d’avance sur 3 duos Allemands. Cependant, étant très proches les uns des autres, avec les relais nocturnes plus longs, nous avons oscillés toute la nuit entre la 6ème et 9ème place.

Agnès est maintenant assistée par Jean-Paul (jp2copter, inscrit en solo qui vient d’abandonner à cause de douleurs aux pieds) et Pierre (8wd, le staffeur de Jean-Paul).

 

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A eux 3 ils vont nous renseigner plus précisément sur les écarts et nous indiquer quels concurrents nous devons surveiller. Leurs déterminations et leurs encouragements ont le don de nous pousser et de nous faire augmenter régulièrement notre avance sur nos poursuivants.

Agnès va profiter de l’arrivée de nos 2 amis dans notre staff pour aller s’allonger un moment et faire une sieste d’environ 1 heure.
Je suis vraiment admiratif car jusque là, elle n’a pas ménagé ses efforts tout en ne dormant que 3 heures depuis 48 heures.

 

 

Lors des pauses, je leurs fais part de ma lassitude. Je leurs dis, un peu irroniquement, que je n'ai pas envie de repartir, que je ne veux pas remettre mes patins. La chaleur commence à faire son effet. Je traine le plus possible dans le box pour regagner la piste, arrivant souvent à la limite pour prendre mon relais. Tour à tour, avant chaque prise de relais, Pierre, JP et Agnès trouvent les bons mots pour me motiver. Cela m'arrache parfois quelques larmes d'émotion que j'arrive plus ou moins à masquer.

Sur la piste ou en dehors de la piste, l’ambiance entre les concurrents est toujours autant conviviale, amicale et festive. L’entraide, la solidarité et les encouragements envers les solos et les duos sont toujours autant présents. C’est bien là ce qui fait le charme de cette épreuve. Ainsi, je prends plaisir à discuteravec mes amis solos, à les encourager. Je découvre d’autres solo (Chicken, Dan, Jesslo, Kat, …). D’autres duos me poussent à m’accrocher et à prendre leur aspiration (merci à « Petit Breton », Mika, Sylvoutch, …).

 

Je suis attristé par les quelques défaillances des solos. Il est vrai que la chaleur sur l’ensemble du week-end est vraiment difficile à supporter. La lassitude revient souvent. Parfois je me demande vraiment ce que je fais là, puis quelques instants plus tard je repars, comme refais à neuf. 

 

Nos temps resteront dans une fourchette allant de 9 à 10mn30 au tour approchant souvent les 9 minutes. A chaque fois qu’on rattrape un duo, je regarde attentivement son dossard pour savoir s’il s’agit d’un concurrent direct.

Peu à peu, nous prenons 1 puis 2 et enfin 3 tours d'avance sur nos concurrents directs. A ce moment là, quand je passe devant Agnès et Pierre, je suis comme un petit gamin, se croyant champion du monde, alors qu'il vient juste de gagner une petite course de quartier. Je leurs fais signe qu’on avait 3 tours d’avance et montre le concurrent allemand à quelques mètres derrière moi.

Le scénario de cette fin de course et le fait de vivre cela avec Pascal, JP, Pierre et Agnès suffit à mon bonheur. Pourtant nous ne sommes que 6ème, loin, très loin du premier duo!!! Peu importe, on serait dans les derniers avec le même scénario la joie serait aussi intense.

 

La fin de course va alors être gérée tranquillement. Mon dernier tour est même couvert en plus de 12 minutes. Ma platine se dévissant dans la dernière monté, je n'ai pu pousser que sur un seul pied, bien aidé aussi par une concurente qui me poussait dans le dos. Du coup, après avoir séré ma platine sur la zone moquette, voyant qu'il ne restait moins de 9 minutes (pas assez pour faire un tour) avant l'interdiction de passer le relais au dernier relayeur. Je décide d'attendre Pascal quelques instants pour lui passer le dernier relais. Il bouclera 3 tours supplémentaires.

 

Au final, nous terminons 6ème duo, 100ème au général (équipes de 10 et d’endurance incluses) avec 149 tours parcourus soit 623km (5 tours soit 23km de plus qu’en 2009). Sans chercher à comparer les performances des années précédentes, avec des coéquipiers différents, le bilan de ces 24h est très positif. Même si je termine  vraiment vidé (comme jamais), je me suis vraiment bien senti et  même beaucoup mieux que l'année dernière malgrés les conditions de chaleur extrêmes de cette année. Les 15 dernières minutes de course, passées à attendre sur le muret des stands en plein soleil, ont raison de mes dernières forces.

 

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 Une fois les traditionnelles photos souvenirs prises, je m'assied sur une chaise dans le box et verse quelques larmes. C'est toute la tension de la fin de course qui s'échape. Assis sur ma chaise, pendant qu'Agnès va rendre les puces, je mets presque 1 heure pour ranger toutes mes affaires dans mon sac.

 

Cette 11éme édition des 24h du Mans roller, de part les émotions que j’ai vécu, de part les échanges avec les autres concurrents, restera gravée dans ma tête de nombreuses années. C’est pour moi la plus belle à la quelle j’ai participé depuis 6 ans. Notre 6ème place et notre performance (qui nous aurait permis de nous approcher très près des vainqueurs des 2008) tient de l'anecdote au regard des émotions et de l'aventure vécue pendant tout le week-end.

 

Les catégories duo et solo, de part leur principe permettent de partager avec d'autres concurrents de longs moments souvent intenses, de s'ouvrir à eux et de les découvrir alors que dans d'autres circonstances ils seraient restés de parfaits inconnus à roulettes.

Parfois la frustration d'être d'être dépassé très facilement par les copins habitués de courses ou par les très bons randonneurs fait surface. Néanmoins, cela est largement compensé par les émotions et par le sentiment de s'être vraiment dépassé. Tout cela, je ne l'ai jamais autant ressenti sur aucune autre épreuve, pas même pour lors de mes 3 participations en équipe dont mes premiers 24h en équipe de 10 où nous avons terminé 30ème.

Certes les temps au tour en duo et encore plus en solo sont sans comparaison possible avec les temps en équipe de 10. Ils laissent supposer qu'on se tourne les pouces sur la piste mais on tout le temps entrain de gérer notre effort en flirtant souvent avec la limite alors qu'il faut encore enchaîner encore quelques tours.

A tire indicatif, mes temps en équipe de 10 varient entre 7mn30 et 8mn voir 8mn30 au tour alors qu'en duo ils varient entre 8mn pour les premiers tours et 10mn30 voir 11mn30. Pour certains tours, cela fait quand même donc 40% en plus. Un Yann Guyader (champion du monde) arriverait même à faire 2 tours quand j'en fait un dans les pires moments de l'épreuve duo.

 

A tous ceux qui m'ont lu jusqu'ici, je vous suggère, au moins une fois dans votre vie, de vous inscrire dans la catégorie duo ou  solo aux 24h du Mans roller afin de vivre de très belles émotions.


Merci à tous les concurrents connus ou inconnus pour leur bonne humeur, à tous ceux qui m'ont parfois un peu poussé au sommet de la dunlop, à ceux qui m’ont encouragé (j'ai peur d'en oublier)  JP2, 8wd, Mystic Bones et Lauren, Youb, Binus1er (pour ses massages), Vanessa (la fille de Pascal), Chicken et Dan, Rphil, Jesslo, Thibaut, Patrice et « Lilian le Coatch » de Chabeuil, Marie-Claire, Kat, Sylvoutch, Mika, Romy, Gillou, Yumyum, Caro, les Pucistes, PascalSR, Gaby et Vantri de Gap, ... Merci aux copins du hockey et à Cpt caverne pour leurs texto, aux Avignonnais qui m'ont salué et encouragé, au duo quad(très sympa juste à coté de nous) box49, aux autres duo du box49 pour la bonne ambiance. Je regrette juste de ne pas avoir pu discuter plus avec les solos et les autres duos. (Je croie que mon cerveau s'est déconnecté à 15h45 juste avant le départ).

 

Toute performance sportive ne peut être réalisée sans staffeurs ni encadrement. Une tache considérée ingrate pour certains mais pourtant très plaisante. La plus grosse perf est à mettre au crédit d'Agnès qui en plus de son rôle de staffeuse pendant ce week-end, m’a soutenu tout au long des 8 mois de préparation. Du résultat de cette épreuve, nous lui en devons une bonne partie. Nous ne pouvions pas trouver meilleure staffeuse. Elle a terminé ces 24h dans le même état que nous.

 

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Merci à Pierre et Jean-Paul pour leur soutien moral et leur coatching au petit matin.

 

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Un très grand merci à Pascal dit 84only pour sa confiance, pour avoir partagé cette aventure et ces émotions avec moi.

 

Une semaine après cette épreuve et le retour à la maison, je suis plus que jamais partant pour m’inscrire une nouvelle fois à cette épreuve, mais cette fois en solo.

Je sais aussi que j’y retournerai au moins une fois (sans roller) pour remplir au moins une fois le rôle de staffeur.

 

Bien sûr, toute aventure de ce type ne peut aboutir sans partenaires. Je tiens donc à remercier une nouvelle fois les partenaires qui m'ont apporté leur soutien : La société AGMS (et Agnès) pour l'encadrement, Le garage Ford de Bagnols/Cèze, La cafétéria Casino d'Avignon, Infiniproshop (shop de hockey et de roller de vitesse à Toulon) et enfin la section vitesse du club de Gap qui m'a accueilli à bras ouvert.

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